Pédagogie inversée
Qu’est-ce que la pédagogie inversée ? Pourquoi la pratiquer ?
Cette pédagogie est apparue il y a quelques années, en particulier sous l’impulsion de collègues d’Amérique du nord. C’est une pédagogie dite « active » qui a pour objectif de dégager un maximum de temps en classe pour la pratique disciplinaire et de reléguer « hors la classe » les moments d’apprentissage et de mise à l’écrit de la leçon où la présence d’un enseignant n’est pas pédagogiquement indispensable.
De nombreux enseignants ont fait un même constat : ils ne passent pas assez de temps à faire des mathématiques en classe et beaucoup trop à des travaux pour lesquels leur présence n’apporte pas à tous les élèves, comme la copie au tableau du cours par exemple. Ces dernières tâches étant de plus très chronophage sur le temps d’enseignement, puisque les élèves n’ont pas tous le même rythme de copie du tableau. Par ailleurs, la construction d’une heure de cours est souvent faite de telle manière que l’on donne « à la maison », du jour au lendemain, du travail pour lequel la présence de l’enseignant pourrait être utile pour lever une interrogation ou un blocage. Cela a, de plus, tendance à renforcer les inégalités entre les élèves qui ont la possibilité d’avoir un répétiteur, un « grand frère » ou un parent pour les aider, et les autres qui restent livrés à eux-même et donc n’arrivent pas à faire correctement ce qui leur est demandé.
Devant ces constats, certains ont avancé une idée : inverser les temps de travail. Faire en classe tout ce qui nécessite la présence du professeur, et reporter en dehors la classe les moments d’apprentissage où l’élève peut être en autonomie totale. Ainsi, de façon schématique, le cours sera fait « à la maison » et les exercices ainsi que les travaux de recherche seront, eux, faits en classe avec la présence du professeur pour aider les élèves en ayant besoin.
En mathématiques, comment cela peut-il fonctionner ?
Notre discipline se prête particulièrement bien à cette pédagogie. Ainsi, de très nombreux enseignants s’y sont mis et expérimentent cette pratique. Très souvent, afin de mieux répondre aux besoins spécifiques des élèves une différenciation est mise en place en parallèle. Ainsi, les élèves peuvent être positionnés en classe en groupe de besoin ou bien encore avoir des parcours individualisés tout au long de l’acquisition de la notion. Cela dans le but de permettre à tous les élèves d’acquérir les attendus des programmes, en intensifiant l’aide sur les élèves plus en difficulté tout en permettant aux élèves plus à l’aise avec la notion d’approfondir son application tout en développant l’autonomie.
De manière concrète, les élèves acquièrent les notions de cours en dehors la classe, très souvent au travers de « capsules » vidéos réalisées (ou sélectionnées) par l’enseignant et font en classe les exercices, les activités d’approche et d’approfondissement. Le travail « mathématique » à faire du jour au lendemain est limité, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y ait pas de travail à la maison autre que le visionnage des capsules. Des devoirs à la maisons sont donnés de façon très régulières où l’élève a alors du temps pour le faire et peut donc à sa guise demander l’aide de l’enseignant avant de le rendre (comme le font beaucoup d’enseignants, sans pour autant pratiquer la classe inversée).
Pour contrôler le travail de visionnage à la maison, plusieurs méthodes sont possibles. Tout d’abord, l’élève doit retranscrire ce qui a été vu dans la vidéo par écrit. Ainsi, soit il rempli le cours au fur et à mesure, soit il complète un cours à trous ou bien encore il prend des notes sur ce qu’il a vu. De cette manière, l’enseignant a un moyen de contrôler que le travail est fait. En complément, il est aussi possible de proposer à l’élève de remplir un questionnaire en ligne qu’il doit renseigner après avoir vu le cours. Cela permet non seulement au professeur de vérifier que le travail a été réalisé mais aussi d’avoir un aperçu à priori des difficultés rencontrées et de pouvoir ainsi y remédier plus rapidement.
Premiers retours d’expérience de collègues
Avant de se lancer dans cette expérimentation, il est important, d’après ceux qui ont franchi le pas, de prendre le temps de la réflexion et de l’observation. Il ne faut pas hésiter à demander des conseils à des enseignants déjà installé dans la pratique (beaucoup acceptent même d’accueillir en observation des collègues). Il est aussi conseillé de commencer par une notion, un chapitre sur lequel l’enseignant se sent prêt à inverser avant de vouloir généraliser la pratique. Par ailleurs, toutes les notions ne se prêtent pas autant à cette pédagogie, rien n’empêche de ne pas toutes les faire en inversée. Le « magistral » a encore toute sa place, il faut simplement clairement déterminer les moments où il est le bienvenu (cela dépendant à la fois de la notion et de l’enseignant, il n’y a pas de norme ou d’obligation).
Ce qui est sûr, c’est que la quasi totalité des professeurs qui font de la classe inversée en mathématiques a constaté que le décrochage est retardé. En effet, les élèves trouvent que le travail demandé chez eux est assez facilement réalisable, et donc se découragent moins vite.
Une des craintes pouvait être l’équipement des élèves, or cela n’est que très marginalement le cas dans notre académie. Cela est conforté par une étude du CREDOC sur l’équipement des familles (http://www.arcep.fr/uploads/tx_gspublication/CREDOC-Rapport-enquete-diffusion-TIC-France_CGE-ARCEP_nov2015.pdf). Pour les élèves ayant des difficultés pour avoir une connexion chez eux, ou bien des soucis d’ordinateurs, des solutions peuvent être mises en place : partenariat avec le CDI, ouverture d’une salle équipée dans l’établissement avec un ordinateur, dépôt sur une clef USB des fichiers, utilisation de CD pour voir le cours sur un lecteur DVD … De fait, la possibilité par les élèves de pouvoir voir les capsules vidéo n’est en aucun cas un frein.
Des ressources, des exemples, des aides ...
Il existe de très nombreuses ressources, d’importants moyens pour avoir de l’aide dans la pratique de la classe inversée. Les réseaux sociaux jouent un rôle important, en particulier Twitter sur lequel de très nombreux enseignants mettent des ressources, répondent à des questions, aident ceux qui en ont besoin (suivre par exemple la balise #Classeinversée). Dans notre académie, de nombreux enseignants s’intéressent à cette pédagogie, un certain nombre d’entre eux la pratiquent (certains depuis plusieurs années). Par ailleurs, des stages sur ce thème existent au PAF, plusieurs étant interdisciplinaires et un spécifique en mathématiques (Travail hors la classe : numérique et classe inversée).
À l’initiative des enseignants qui inversent la classe, des manifestations ont lieu régulièrement : un séminaire début juillet sur Paris (le CLIC : Classe Inversée le Congrès) et une semaine nationale d’échanges entre collègues autour de la classe inversée (la CLISE : CLasse Inversée, la Semaine). Plusieurs événements se sont tenus dans l’académie de Créteil, dont un séminaire au CANOPE de Champigny en janvier 2016. Vous pourrez retrouver des informations sur le site de la DANE (http://mediafiches.ac-creteil.fr/creteilnum/clise2016).
Si vous avez besoin de renseignements complémentaires, n’hésitez pas à contacter les collègues ci-dessous ( remplacer le at par @) :
Loïc ASIUS : [loic.asius at ac-creteil.fr]
Pierrette GENET : [pierrette.genet at ac-creteil.fr]
Geoffroy LABOUDIGUE : [geoffroy.laboudigue at ac-creteil.fr]
Nicolas LEMOINE : [nlemoine1 at ac-creteil.fr]
Fabien SOMMIER : [fabien.sommier at ac-creteil.fr]